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4-6-2013 à 21:35:32 |
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Une conférence de constructeur ou d'éditeur, ça peut s'avérer follement enthousiasmant... ou dramatiquement soporifique. Tout dépend évidemment de ce qu'on a à montrer mais aussi de la façon dont on s'y prend, avec adresse ou comme un pied. Après tout, on a déjà vu des conférences pleines de jolies choses se tenir face à un parterre de spectateurs incapables de retenir un bâillement.
Sony et Microsoft viennent d'illustrer à merveille ce paradoxe : en étant persuadés d'accomplir une prouesse de com', ils ont réussi à rendre l'annonce de nouvelles consoles complètement anodine. Car il faut bien l'admettre, pour des shows venant annoncer l'arrivée de deux nouvelles machines, ce qui est, on le rappelle, l'événement suprême dans notre petit monde, les deux événements organisés par Sony et Microsoft n'étaient pas particulièrement folichons, voire carrément plats. Voilà ce qui arrive quand on présente une console de jeu en négligeant... les jeux, au profit d'une "philosophie" ou d'une tripotée de services annexes.
Mais pour bien planter sa conférence, il y a encore d'autres astuces que l'on tachera d'éviter si on souhaite réussir sa présentation. A une semaine de l'E3 2013, faisons donc l'inventaire de ce qu'il ne faut plus faire pour éviter le décrochage... et auquel on a pourtant parfois droit.
Les joueurs ne veulent pas voir de bilan financier
Bon, soit, s'offrir un petit autosatisfecit ça fait toujours plaisir aux actionnaires et ça montre au public qu'on est en bonne santé et qu'il a bien raison de nous aimer tellement qu'on en vend des millions des machins. Alors afficher quelques chiffres chocs, pourquoi pas si vous voulez, mais le détail de l'activité fiscale et commerciale, ça a surtout sa place dans les conf call et les communiqués de presse... Personne n'assiste à une conférence dans le secret et coupable espoir de contempler des camemberts.
Il n'y a rien de pire que de s'attendre à en prendre plein les yeux pour finalement se retrouver face à un Powerpoint, parce qu'un Powerpoint, fut-il accompagné de lasers et de fumigènes, c'est assommant. Et quand on est assommé dès le début, on a du mal à rester dans le bain. Jadis, Sony s'était spécialisé dans ce genre d'intro, n'hésitant pas à consacrer une part conséquente de son temps à un petit bilan chiffré. Vu que tout le monde s'endormait dans la salle en dehors des patrons de GameStop et des journalistes des gazettes économiques, le constructeur a eu la bonne idée de changer la donne quand les conférences ont commencé à être diffusées en live sur le Net.
Et maintenant les sorties... de l'année dernière !!!
Dans la famille des trucs qui semblent là uniquement pour faire du remplissage : le trailer interminable regroupant tous les jeux sortis entre l'E3 20XX et l'E3 20XX+1. En règle générale, c'est l'avenir qu'on veut voir, pas une rétrospective mêlant les sorties des 12 derniers mois et parfois celles des deux mois à venir. Là encore, il s'agit de montrer à quel point on est une marque forte... mais ça tout le monde le sait déjà et ça donne surtout l'impression qu'on essaie de se convaincre soi-même ou qu'on a rien de mieux à montrer que l'année dernière.
D'autant plus que ce genre de vidéos, souvent bien trop longues, a un potentiel de frustration assez élevé si on a le malheur de l'introduire avec une phrase du genre "et ne s'est jamais mieux portée, regardez un peu ça...", et là PAF, 8 minutes de séquences de 3 secondes de tout ce qui est sorti et à quoi on a déjà joué.... l'avenir c'est hier.
Cette année, à l'E3, j'espère vraiment voir Gears of War Judgment et Journey !
Le coaching c'est vendeur... ou pas.
Savoir gérer son timing, c'est capital dans une présentation. On ne peut pas étirer une conférence à l'infini. Il s'agit donc de se montrer pertinent dans le temps attribué aux différents sujets abordés, préférant ainsi s'attarder sur ce qui a le plus de chances de séduire et de susciter l'enthousiasme, comme une nouvelle licence par exemple...
En revanche, on ne devra jamais hésiter à se remettre en question lorsqu'on passe de plus de 2 minutes sur un jeu de coaching sportif Kinect présenté par un monsieur qui surjoue un tout petit peu (si, si, ça se voit) ou que l'on traîne 15 minutes sur Wonderbook, deux produits qui vont certainement bien se vendre mais dont le gamer qui accepte de passer deux heures devant son écran pour se tenir informé n'a strictement rien à taper. Et pour tout dire, le journaliste présent sur place non plus.
Le jeu de fitness Kinect, un moment difficile pour les chauffeurs de salle
L'invité surprise... ou surprenant
Ah, l'invité d'honneur... le mec qui vient dire à quel point une console ou un éditeur est formidable mais dont en vérité tout le monde se demande ce qu'il fout là. Bon certes, avoir un sportif de haut niveau pour vanter les mérites de son jeu de sport, ça en jette. Et faire venir Sir Paul McCartney, Ringo Starr et Yoko Ono sur scène pour parler de The Beattles Rock Band, c'est la classe... seulement on sait tous qu'ils sont là pour faire de la promo et dire ce qu'on a écrit sur leur prompteur. Après quelques awesome et autres I'm so excited de courtoisie, le joueur a peut-être vu une star mais il n'en sait pas plus qu'avant. Et tic-tac, tic-tac, le temps file et on attend encore de voir des choses...
Nous sommes heureux de vous présenter en exclusivité mondiale...
Oh oui, du neuf, c'est quoi, c'est quoi ?? Oooohhh.... Un extrait du prochain Call of Duty... Ah, et surprise, il y aura du DLC exclusif pendant un mois*.
*Enfin, si vous êtes à la conf Microsoft. Si vous êtes chez Sony, pareil mais avec Battlefield.
Le mec qui n'a rien à dire
Allez savoir pourquoi, sûrement une tradition comme ne pas dire Macbeth dans un théâtre, il est fréquent qu'au beau milieu d'une conférence qui semble à peine commencer à se réveiller, on fasse venir un mec qui n'a rien à dire. Une autre technique de remplissage quand on a trou à boucher pour assurer un show d'une durée satisfaisante. Et oui, même si on manque de matériel, pas question de faire une conférence de 45 minutes. Si on l'étire sur deux heures, on peut toujours faire illusion, quitte à faire monter sur scène un intervenant du vide.
Toutes les variantes sont possibles, un développeur qui dit avoir un projet fantastique dont il ne peut rien dire, ou un grand ponte venant répéter ce qui a déjà été dit au début de la conf comme si c'était mieux quand c'est lui qui le dit, faites votre choix. De préférence, si la personne en question peut venir balancer une évidence c'est encore mieux. Exemple : "Bonjour, je travaille pour Square Enix, il y aura bien un nouvel épisode de Final Fantasy, mais je ne peux rien vous dire de plus". Autre variante : le pauvre bougre qui a perdu un pari et doit se taper la présentation d'un jeu ou d'un périphérique en sachant pertinemment que bon... ben c'est nul, et ça se voit sur on visage. Bon, si vous en avez conscience, le montrez pas.
Il n'aurait jamais dû parier qu'il ne mangerait qu'un Granola
La bonne conférence
Pourtant, la recette d'une conférence réussie n'est pas si compliquée. Il suffit d'éviter tout ce qui vient d'être listé, et à la place d'opter pour un show bien rythmé pour lequel on aura en amont réservé quelques surprises au lieu de tout annoncer 6 mois avant. On se souvient de quelques conférences particulièrement bien menées, se concentrant à 90 % sur les jeux et des séquences de gameplay, en live ou enregistrées. Parce que c'est ça que tout le monde veut voir. Pas la nouvelle application YouTube, des bilans ou des trucs qu'on connaît depuis 10 mois.
On veut voir des bouts d'avenir, des extraits de ce à quoi on va jouer dans quelques mois... de quoi donner envie, faire baver, des choses auxquelles on ne s'attend pas et pas du FIFA et du Call of Duty. Surprenez-nous ! On se souvient de l'annonce surprise de Zelda Twilight Princess en toute fin de conférence Nintendo à l'E3 2004, lancée de façon badine "au fait, on a un dernier truc à vous montrer", ou plus récemment de la baffe Watch Dogs qu'Ubisoft avait su tenir secret jusqu'à son show l'année dernière. Et qui a du coup raflé toute l'attention puisqu'il s'agissait de l'un des seuls jeux dont on ignorait l'existence.
En somme, la recette est assez simple, on ouvre avec un bon gros trailer inédit qui dépote et met dans l'ambiance, on évite de faire du remplissage qui non seulement crée de l'ennui mais souligne en creux le manque de contenu, on mise tout sur le gameplay, on montre des fonctionnalités ou des accessoires si vraiment ils valent la peine (qui a dit Vitality Sensor ? Hein ? Qui ?) et on termine sur une petite ou une grosse surprise histoire de laisser l'auditoire sur une bonne impression. Comme le dernier rappel d'un groupe à la fin d'un concert. Et là, normalement, en suivant cette règle toute simple, on devrait éviter de faire un gros bide et de voir ses actions se casser la gueule..
Sorti de nulle part, Watch Dogs était la seule vraie surprise de l'E3 2012 et a donc fait de l'ombre à tout le monde
Quoi qu'il en soit, n'oubliez pas que vous pourrez suivre l'ensemble des conférences E3 sur jeuxvideo.com ! Les bonnes commes les mauvaises.
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Par lpd11, Rédacteur en chef de lpd11.free.fr |
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